Aujourd’hui, des thérapeutes n’hésitent plus à utiliser des prescriptions littéraires afin de favoriser le mieux être de leurs patients. Des bibliothérapeutes en ont même fait leur spécialité. Parallèlement, des artistes, auteurs.es, comédiens revendiquent avec encore plus de force les bienfaits de la culture dans la santé mentale et physique des individus.
Bibliothérapie : les origines
C’est en 1916 que le mot bibliothérapie apparaît pour la première fois, sous la plume du pasteur Samuel Crother. Le terme désigne une méthode qui favorise la lecture pour accompagner les soldats américains, blessés et traumatisés lors des combats de la Première Guerre Mondiale, sur la voie de la guérison.
Quelques temps plus tard, en 1924, Sadie Peterson Delaney devient bibliothécaire en chef dans un hôpital militaire. Elle choisit de travailler avec le personnel médical afin de connaître l’histoire personnelle des patients. Son objectif est de développer le fonds de la bibliothèque en fonction de chacun, afin de les soutenir dans leurs parcours thérapeutiques. Elle conseille des livres. Elle développe l’audio et la video pour les patients ayant perdu leurs membres ainsi que le braille pour les soldats aveugles. Elle facilite rassemblements et échanges.
En 1961, une première définition apparaît dans le Webster International Dictionary : « La bibliothérapie est l’utilisation d’un ensemble de lectures sélectionnées en tant qu’outils thérapeutiques en médecine et psychiatrie ; et un moyen pour résoudre des problèmes personnels par l’intermédiaire d’une lecture dirigée ».
Bibliothérapie : de nos jours
Ces livres qui nous font du bien
En 2009, « Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » écrit par Annie Barrows et Mary Ann Shafer (ed. 10/18, 2011) lance le phénomène des romans feel good. Ces récits questionnent la nature humaine et proposent des chemins à suivre pour surmonter les situations difficiles. On y découvre nos capacité à se réinventer. Mais certains psychothérapeutes voient dans ce type de lecture, une échappatoire; se rêver heureux empêcherait de mettre réellement en place ce qu’il faut pour le devenir et serait donc une entrave à l’autonomie.
Sans aller jusque là, on peut s’interroger sur les écueils d’une certaine forme de bibliothérapie. Lorsqu’elle propose des listes pré-établies de livres par exemple, en catégorisant les problèmes, tel « si vous avez un problème de couple, lisez tel ou tel livre », elle uniformise alors le problème comme si, finalement, le trajet de vie singulier de chaque individu importait peu. Et que se passe-t-il lorsque l’on fournit ces listes à des personnes qui ne sont pas enclines à la lecture, voire rétives, et qui peuvent se retrouver ainsi dans une réactivation « scolaire » face à une liste de livres à lire … ?
L’auteure et bibliothérapeute, Régine Detambel, aborde ces questions préférant au terme bibliothérapie le terme et le concept de bibliocréativité (voir Article) , ce qui permet de poser le lecteur comme central et actif dans le processus d’amélioration de son état physique et (ou) mental.