Oui, les échanges entre les enfants et les artistes sont savoureux car spontanés. Les enfants ici ne sont pas seulement spectateurs, ils sont co-créateurs. Ils sont auteurs dans les différents ateliers qui leur permettent de créer.  

Prenons un instant. Voyez-vous cette poussette insolite occupé par ce bébé adulte à la voix transformé ? Un peu plus haut, le village du Grand Bornand. Au loin, les alpages, les montagnes des Aravis et les dialogues créés au gré du vent

Cet instant est le coeur du Poème, celui de la liberté, liberté de mouvement, liberté de création. Pourquoi ? Parce que associée deux mondes qui a priori n’ont rien à voir est bien l’un des secrets du poème car il fonde la métaphore.

Une poussette motorisée conduite par un bébé géant dans un village de montagne, là voilà la métaphore qui consiste simplement à associér deux réalités qui en apparence n’ont absolument rien à voir entre elles pour faire surgir un sens supérieur, en ce qu’il est poétique et donc magique.

Une poussette avec un bébé, c’est banal. On en voit tous les jours. Un adulte sur un engin motorisé, c’est banal, moto, voiture, scooter… On peut considérer qu’il s’agit de deux ingrédients. Et si on les mélangeait ? On obtient cet visions proposé par l’artiste : un très gros et très grand bébé au volant d’une poussette. Le résultat de ce mélange, c’est la métaphore. On peut dire par exemple : « bébé n’a plus d’essence » ou « bébé n’a plus de gazoil » ou « bébé est en panne ». Une métaphore qui peut être employée par exemple lorsque bébé arrête de pleurer. 

C’est le contexte qui éclaire le sens. Il faut aussi que la personne qui la reçoit accepte de la comprendre au sens métaphorique. Les enfants près de Bébé Charlie adhèrent totalement à l’idée qu’ils sont en face d’un vrai bébé. Ils jouent totalement le jeu. C’est l’attitude que l’on a notamment face aux expressions figées. 

Si on utilise par exemple l’expression  « ne baisse pas les bras », si la personne répond « je n‘ai pas les bras levés » et bien elle ne joue pas le jeu du sens métaphorique. Enfin, pour que la métaphore fonctionne, il faut qu’il y ait un point commun, un élément qui permet le mélange qui permet l’association entre les deux ingrédients. Si on utilise « bébé est en panne » et que l’on veut dire qu’il ne pleure plus, on compare en fait l’eau des larmes à l’essence, l’élément commun est le liquide.