L’écriture expressive (expressive writing) a été l’objet des recherches expérimentales de James Pennebaker, professeur de psychologie à l’université du Texas à Austen (Etats-Unis) dans les années 1980-1990. Il s’agit d’une technique qui a pour but « d‘améliorer la santé et le bien être psychologique des participants par une élaboration cognitive et émotionnelle des événements vécus – perturbants ou traumatiques – à travers des sessions d’écriture spécifiques »
Les bienfaits thérapeutiques de l'écriture
Á l’instar de la bibliothérapie (voir Article) et de la bibliocréativité (voir Article), les professionnels de santé reconnaissent aujourd’hui les bienfaits de l’écriture thérapeutique. En effet, différentes études ont été menées pour démontrer l’influence positive que peut exercer l’écriture, aussi bien sur la souffrance physique que sur la souffrance morale.
Raconter – ou se raconter – par écrit permet une mise à distance émotionnelle bénéfique et de reprendre le contrôle de sa vie. Prendre un stylo ou taper sur un clavier est une prise en main de son destin. Parce qu’écrire son histoire c’est la revisiter, c’est parfois aussi identifier des traumatismes et donc lutter contre les obsessions, l’anxiété, la dépréciation de soi… symptômes principaux des maladies dépressives. Si, bien sûr, l’acte d’écrire ne peut à lui seul guérir, il est à l’évidence une solide béquille vers un mieux être.
Lorsque l’on parle d’écriture thérapeutique, il faut néanmoins prendre quelques précautions. Dans La Nuit j’écrirai des soleils (ed. Odile Jacob, 2019), Boris Cyrulnik met en garde : « Si l’écriture s’oriente vers la rumination, elle a une fonction aggravante du traumatisme. » Il est donc essentiel : « Pour que l’effet de résilience intervienne (…) que l’écriture soit ‘élaborante’. » Le cadre thérapeutique est donc fondamentale lorsque l’on parle de graves maladies ou (et) blessures psychiques car il ne s’agit pas de s’enfermer dans sa douleur. L’introspection doit permettre une prise de recul, une réflexion, des remises en cause aussi. Et pour cela, il faut très souvent l’aide d’un tiers, d’un thérapeute.
Écriture expressive et développement personnel
En outre, l’écriture est un moyen très utile dans une démarche de coaching ou d’auto-coaching. Par exemple, écrire précisément ses objectifs sur une feuille de papier ou sur un écran augmente les occasions de les atteindre. C’est en tout cas ce qu’a voulu démontrer le chercheur américain Gail Matthews qui a évalué que noter ses objectifs augmenterait de 42% ses chances de réussite. En effet, notre cerveau considère qu’écrire est engagement, sans parler du fait que nous pouvons ainsi relire nos buts fixés et qu’en se rappelant régulièrement à nous, ils renforcent motivation et confiance en soi.
À travers l’écriture, on peut élaborer ses projections, ses désirs à réaliser en structurant un récit de soi. Trouver le mot juste permet de s’approprier son devenir et également de construire une cohérence entre les expériences du passé et le futur envisagé, en s’ouvrant des possibilités d’évolutions. L’écriture permet ainsi de grandir à travers ce dialogue entrepris avec soi.
L’écriture expressive permet donc de mettre en mots les réussites du passé, de donner sens aux échecs, comme tremplins pour les réussites de demain, afin de créer un espace personnel, lieu d’une mise en histoire, d’une construction positive de soi.
Une pratique narrative : l'Arbre de vie
En 1984, deux éducatrices, Sally Timmel et Anne Hope, utilisent une première version de l’Arbre de vie en s’inspirant des travaux d’un pédagogue brésilien, Paulo Freire. En France, c’est Dina Scherrer qui développe en accompagnement « l’Arbre de vie avec les idées narratives » prenant appui sur la version utilisée par Ncazelo Ncube-Mlilo, psychologue pour enfants en Afrique du sud, et le travail de David Denborough, thérapeute australien. La technique de l’Arbre de vie utilise les différentes parties de l’arbre pour représenter différentes parties de la vie. Elle invite les personnes par « l’utilisation de métaphores et de questions soigneusement formulées (…) à raconter des histoires sur leur vie de façon à les renforcer et augmenter leur espoir dans l’avenir ».
Un bref aperçu de la composition de l’arbre :
– les racines : les origines, ce qui dans l’histoire de vie a permis de construire ce qui est aujourd’hui …
– le sol : les besoins à satisfaire pour que l’arbre pousse, pour avancer, grandir…
– le tronc : les compétences, les éléments sur lesquels repose la solidité de l’arbre : goûts, qualités, valeurs …
– les branches : les projets, les rêves…
– les feuilles : les personnes importantes, les ressources…
– les fruits : les cadeaux de la vie…
Pour aller plus loin : www.dinascherrer.com