ARTICLE
1. L'enfant qui inspire : Lou
Le film "Dans les pas de Lou"
Lou est l’héroïne du film documentaire du réalisateur Hervé Tiberghien « Dans les pas de Lou » (2020). Une héroïne bien réelle donc, une jeune fille d’aujourd’hui, ordinaire, qui vit une expérience extraordinaire. L’aventure du récit c’est celle de « L’enfant inspirant » que l’on suit dans ce film. Celui-ci retrace le parcours d’une adolescente qui, à treize ans, part avec sa mère dans le nord de l’Inde pour un voyage à pied de plusieurs semaines qui les conduisent dans les régions du Zanskar, du Ladakh… et autres contrées aux dimensions et aux beautés indescriptibles.
Va-t-elle raconter son périple sur les réseaux sociaux comme l’auraient fait beaucoup de jeunes gens de son âge ?
> Les Carnets de Lou
Non, Lou emmène avec elle un carnet. Un carnet qui ne la quitte pas. Un gros cahier plutôt, dont la couverture est noire et les feuilles immaculées reliées par des spirales. Ce cahier ne serait rien sans la trousse en cuir souple dans laquelle se trouvent des stylos, des crayons de couleur, des tubes de peinture, des pinceaux, des ciseaux… Il suffit de la rouler pour la faire tenir dans la poche la plus accessible du sac à dos.
> Toute la journée, Lou découvre son environnement. Elle découvre les hauts plateaux de l’Himalaya. Des gens différentes d’un village à l’autre. Elle fait des rencontres exceptionnelles, découvre la différence. Et, le soir, lorsqu’elle et sa mère choisissent un campement pour passer la nuit, elle prend toujours un moment pour consigner dans son carnet ses impressions, ses émotions. Elle rapporte des conversations. Elle écrit des poèmes. Elle dessine les paysages, les gens. Elle colle ce qu’elle trouve, une feuille d’arbre ou la vignette d’un soda qui lui rappelle l’occident.
Une jeune auteure
Tout au long du documentaire, on suit son parcours, celle d’une auteure, d’une carnettiste aventurière. Un parcours d’exploratrice qui observe et ouvre entier son regard à tout ce qui l’environne durant de longues heures de marche. Un parcours d’auteure puisque, au sein de cette aventure, nait son talent de restitution, sa capacité à raconter son expérience, son art de créer son récit.
> Lou est une jeune fille de son temps qui sait prendre le temps, qui sait se poser face aux choses pour les assimiler. Elle observe, elle regarde, elle voit. Elle est intuitive. Elle fait l’effort de la compréhension. Elle saisit l’essence des éléments. Elle trace les significations de son périple. Ainsi, elle lui donne sens avec une étonnante maturité.
> Lou a une capacité rare et précieuse, une qualité nécessaire lorsque l’on veut créer : elle sait profiter à la fois de l’expérience et de la contemplation. Elle prend le pouls des événements pour savourer chaque instant, dotée d’une profonde conscience de vivre quelque chose d’unique. Lou est une enfant de treize ans qui prend de l’altitude dans tous les sens du terme. Elle fait preuve d’une grande sagesse et nous amène finalement à réfléchir sur ce que c’est vraiment être auteur.
2. Que nous apprend-elle ?
Les Carnets
Lou offre à la caméra du documentariste une visibilité sur les pages de son carnet. Comme elle, beaucoup d’entre nous ont déjà noté des impressions sur des carnet en voyage, fait des collages. Vous savez, ce genre de collage, pour conserver un ticket d’entrée dans un musée ou un billet de transport sur lequel est noté le nom d’une capitale…
> Pour tenir un carnet de ce type, il n’est pas indispensable de partir à l’autre bout du monde ni d’en faire le tour. Après tout, dès que nous franchissons le seuil de notre foyer, nous sommes prêts à l’aventure, au voyage, à l’exploration. Avoir un carnet sur soi, y consigner l’inattendu, le remarquable, le singulier.. est sans doute un bon moyen de créer le ravissement, l’enchantement et donc l’impulsion pour créer.
Une attitude au Monde
De fait, Lou nous apprend qu’il est absolument nécessaire – lorsque l’on souhaite créer – de se reconnecter à la part de l’enfant qui est en soi. Lou ne dresse pas de barrière face à son désir d’écrire et de peindre. Elle ne conçoit pas qui de limites l’empêcheraient de voir et de sentir. Elle est dans l’évidence, ce que l’on appelle plus tard, devenu adulte, la naïveté.
> Lorsque l’on accepte de faire ce cheminement, de regarder les choses telles qu’elles sont et d’essayer de les restituer avec des mots simples sans chercher à faire des phrases, sans chercher à faire du style, sans chercher à faire du beau… on écrit ou l’on crée par tous les moyens possibles de créer.
> L’idée est de se réconcilier avec la part naïve de son être qui permet de goûter vraiment à l’essence des choses.